samedi 24 novembre 2012

Chronique d'un redoublement : 51. Deux nuits hantées de rêves angoissants

SUITE 50

Meux valait en effet m'endormir après un baiser maternel que les fesses écarlates... Et j'ai apprécié particulièrement ce "Bonne nuit, ma chérie. Fais de beaux rêves", doublé d'un gros câlin d'une Maman qui ignorait les "exploits" de sa fille ainée...

J'avais juste une fraction de seconde pensé que j'aurais dû à ce moment précis soulagé ma conscience, et dire à Maman : "Faire de beaux rêves, j'aimerais bien, mais il y a quelque chose qui me chagrine, qui me reste sur le coeur, et que je voudrais bien te confier, à condition que tu ne te fâches pas". Mais, je savais bien que ce n'était pas possible, et je me suis abstenue, contrariée tout de même d'avoir ce problème de conscience...



Et j'ai eu du mal à m'endormir, me tournant et retournant, analysant la situation, sans pouvoir penser à autre chose que le fait que j'étais dans une impasse. Même si la petite voix tentatrice me disait qu'après la fessée d'Aline, ce n'était pas le bon jour pour provoquer un second orage dans la même soirée, et que je devais être contente d'avoir déjà gagné une journée, et qu'il ferait jour demain...

Mais, le "Fais de beaux rêves" de Maman revenait aussi et m'entraina, comme souvent en ce genre de situations, sur le chemin des cauchemars. L'un d'entre eux me fit me réveiller en pleine nuit, et je dus rallumer ma lumière, boire un verre d'eau, avant que ses images ne quittent ma tête...





Je venais de rêver que Maman était assise dans le salon, sur une chaise face au canapé et à la porte du couloir. Sur le canapé étaient assises mes soeurs et Tata Jacqueline, les yeux grand ouverts. Et moi, moi j'étais étendue en travers des genoux maternels, short et culotte baissés jusqu'aux mollets, attendant une fessée imminente...
Magie ou horreur du rêve, j'étais à la fois en position disciplinaire, tout en voyant la scène comme si j'étais juste à côté de Maman. Ce qui me donnait une vue imprenable sur mon propre dos. J'avais l'impression que ma lune était grande et rebondie, sans commune mesure avec les petites pommes d'Aline. Maman m'avait bien équilibrée et sa main droite était posée sur ma mappemonde postérieure comme pour juger de la fraicheur de mon épiderme, comme pour jauger la tâche à accomplir.
J'étais étrangement calme, résignée, ne gigotant pas le moins du monde, comme acceptant dans ce cauchemar ce que je combattrais forcément dans la réalité.
Maman semblait satisfaite, prête à laisser sa main droite entrer en scène, quand la porte du salon s'entrouvrit encore, laissant pénétrer la boulangère et sa vendeuse !
"Asseyez vous donc, Mme Breton, et toi Noémie aussi. Il reste deux chaises à côté de la commode. Vous arrivez juste à temps, je vous attendais pour commencer...", lança Maman en accueillant les visiteuses.
Personne ne semblait surpris de cette arrivée, comme si elle avait été prévue, et je ne protestais même pas, tournant la tête vers les arrivantes avec un petit sourire poli comme si je leur disais bonjour.
Noémie et Mme Breton assises, Maman redressa la position de son dos, re-vérifia que j'étais bien en équilibre, commentant pour son auditoire : "Voilà, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. Comme je vous l'avais dit, quand elle n'est pas sage, ma grande fille reçoit de bonnes fessées bien méritées. Et bien sûr, pour que les claques fassent leur effet, je lui baisse sa culotte... Mais, assez parlé, vous n'êtes pas venues pour m'écouter donner un cours théorique. Je vais donc vous montrer ce qu'il en retourne. Comme ça, vous saurez de quoi je parle quand je menace mes filles de m'occuper de leur cas en rentrant à la maison..."
Noémie et Mme Breton acquiesçait : "Faites donc, je vous en prie. Ne faites pas trop attendre cette demoiselle", répliqua la boulangère, avec un petit sourire aux lèvres.
"Alors, puisque tout le monde est bien installé, allons y. Tu es prête, Christine ? Tu te rappelles pourquoi je vais te donner la fessée ?", interrogea Maman, et je m'entendis répondre, dans ce drôle de cauchemars : "Oh, oui Maman, je suis prête à recevoir une bonne fessée pour avoir chahuté en classe et récolté deux heures de colle". Et la main de Maman commençait à tomber, à la fois sur ma lune et sous mes yeux, où je voyais la paume maternelle rebondir et rebondir...

Mon cauchemar s'était arrêté là, je m'étais réveillée en sursaut, en gémissant, la main posée sur mes fesses comme pour me protéger...

Inutile de dire que j'avais passé une mauvaise nuit et que la journée suivante avait été pénible, ayant su dès mon arrivée au collège, que les enveloppes d'avis de colle n'étaient pas parties la veille, mais seraient postées le jour-même.

Si je tenais ma langue, cela me laissait une journée de répit, une journée pour jouer les innocentes, et surtout oublier ce cauchemar affreux et invraisemblable de par sa mise en scène, même si je savais que, concrètement, la fessée qui m'y était donnée n'était pas que de l'imaginaire, mais plutôt de l'anticipation.

Je rentrai le soir à la maison, sans crainte, hormis la possibilité que Maman ait rencontré ma prof, mais c'était peu probable.

La soirée passa sans problème, il est vrai qu'entre les cours de danse des petites, les courses de Maman à ranger, le passage rapide de Tata, je pus aisément jouer les innocentes sans être soupçonnées, sans que Maman ne subodore une entourloupe, même si, depuis la veille, il me semblait qu'elle se posait des questions à propos de ma gentillesse plus démonstrative que d'habitude... Une mère attentive a souvent de bonnes intuitions en la matière...



Cette seconde nuit depuis mon chahut en cours de maths fut un peu moins agitée, et le câlin maternel avait été autant apprécié que la veille, avec ce petit supplément d'une sensation que j'avais à nouveau gagné 24 heures, et que c'était dans ma tête une grande satisfaction.

J'essayai d'évacuer de ma tête le cauchemar de la veille, qui tentait de s'imposer à nouveau. Je me focalisai surtout sur la journée du lendemain, en me disant qu'il valait mieux que je prépare mes arguments puisque ce serait à coup sûr le jour J...

Je pensai donc moins à la boulangère et à sa vendeuse qui avaient peuplé mon cauchemar, et je pensai surtout à cette journée à venir, tentant de trouver comment je pourrais avoir une note géniale qui atténuerait la découverte de ma colle...

Peut-être en maths, essayai-je de me persuader, puisque nous avions à nouveau deux heures de cours le lendemain. J'y songeai toute la nuit, me faisant des films, des rêves moitié éveillés, où je décrochais trois 20 sur 20 dans la même journée.




Je me voyais ensuite, à la fin des cours, attendre l'enseignante de maths à la sortie de la salle des profs, près des casiers, et lui demander d'écrire un mot dans mon cahier de correspondance pour dire à Maman que j'avais eu des résultats exceptionnels. Mais, le rêve retombait dans le cauchemar, et la prof refusait, en me disant que les notes seraient dans le carnet mensuel et qu'il n'y avait pas à en parler avant.
J'insistais en vain, mais la prof n'était pas dupe : "Christine, même des bonnes notes ne rattrapent pas le fait que tu aies chahuté l'autre jour, et tant pis si ta Maman se fâche".
Puis, dans ce nouveau cauchemar, je voyais la prof regarder sa montre et me désigner la sortie : "Allez, Christine, il est temps de rentrer. Il ne faudrait pas que tu sois en retard en plus. Le facteur a dû passer chez toi, et je pense que ta Maman t'attend..." Et, toujours dans ce cauchemar demi-éveillé, la prof en m'accompagnant vers l'escalier de sortie, avait remonté l'arrière de ma jupe, tapotant furtivement à deux reprises le bas de ma lune, en disant avec un air moqueur : "Tiens, voilà deux belles joues qui vont être à la fête ce soir... Rentre donc vite à la maison, ta Maman va bien s'occuper d'elles, c'est sûr..."
Nul ne savait encore, à ce moment de la seconde nuit, qu'un bulletin de colle au courrier allait me valoir de sérieux ennuis, mais en deux nuits de cauchemar, je m'étais donc déjà vue déculottée devant famille et boulangerie réunis, et j'avais même imaginé ma prof parfaitement au courant...

Autant d'angoisses qui n'auraient pas eu lieu si j'avais avoué d'entrée, mais la sensation d'être encore les fesses blanches demeurait une sorte de consolation, voire de fierté dans ma tête de linotte...


Le matin du jour J, je me fis une fois encore transparente, gentille et serviable, pour éviter tout reproche. Lors de la récréation, je révisai mes leçons, ce que je ne faisais jamais, dans l'espoir d'une note miraculeuse. Et, à midi, en rentrant déjeuner, j'étais bien contente que le facteur ne soit pas encore passé jusque dans notre rue... Cette dernière était au milieu de sa tournée, et selon ce qu'il avait à distribuer, il passait juste avant ou peu après sa pause déjeuner. Mais, apparemment, là il n'était donc pas encore passé, ce qui était moins rassurant que s'il était passé sans rien apporter venant du collège...
Jouant encore les ainées modèles durant le déjeuner en famille, je repartis au collège, où j'appris par Martine, une camarade qui avait été collée en anglais, que l'enveloppe était arrivée chez elle, dans un quartier voisin du nôtre, à midi. Voilà qui ne faisait plus de doute : le facteur avait bien les enveloppes à distribuer, et ce serait chose faite dans notre rue aussi, comme souvent en début d'après-midi...



Cela me mit un sale coup au moral, et j'en perdis même une part de mon envie de décrocher la note miracle qui serait un bouclier ou du moins un atténuateur de fessée...
Je quittai le collège à la fin des cours, la mine défaite, la tête basse, en pensant que, cette fois, je cheminais vers mon destin, que ce qui m'angoissait depuis deux jours et deux nuits, allait sans nul doute trouver son épilogue et que, comme mon second cauchemar le faisait dire à la prof de maths, j'étais en train de ramener à la maison "deux belles joues" encore blanches, dont Maman allait sérieusement "s'occuper"...


En arrivant à la maison, Aline était dans le jardin, comme si elle m'attendait, les bras croisés, et avec un petit sourire en coin qui ressemblait à celui que j'avais imaginé sur les visages de Mme Breton et de sa vendeuse dans mon premier cauchemar...
"Maman est partie accompagner Diane chez le dentiste. Ton goûter est sur la table de la cuisine. Elle a dit que tu devrais faire tes devoirs en attendant qu'elle rentre. En tout cas, elle avait l'air en colère...", se fit un plaisir de me rapporter ma chère petite soeur, qui avait l'air aux anges.
"Elle t'a dit pourquoi ?", m'inquiétai-je, espérant qu'Aline n'en sache pas plus. Ce n'était pas le cas, hélas. Et sur un air moqueur qu'elle pouvait d'autant plus afficher que maman n'était pas là, Aline rétorqua : "Il y a une lettre du collège sur la table, à côté de ton goûter. Maman a dit que tu avais encore fait le clown en classe et que tu allais voir ce qui arrive aux chahuteuses..."
Je haussai les épaules et jouai les incrédules, tentant de cacher la trouille qui me faisait comme une boule dans le ventre. Je me hasardai à faire croire que j'étais confiante : "Pfff, c'est même pas vrai, parce que moi, je vais lui expliquer à Maman ce qui s'est passé et elle comprendra, tu verras. Et tu peux bien te moquer alors que, toi, il y a deux jours, tu as eu une bonne fessée. Moi, je vais te dire, c'est pas encore fait..."
J'ai tourné les talons pour rentrer prendre mon goûter et surtout voir la fameuse enveloppe, qui était bien là, sur la table de la cuisine. Aline était rentrée derrière moi, certainement pour voir ma tête. 
Le bulletin de colle avait été sorti de l'enveloppe et était étalé sur la table. Le motif était bien celui que j'avais vu la prof écrire :  "Bavarde au lieu de suivre le cours, et chahute derrière le dos de son professeur". J'eus plus de mal à afficher un visage ne trahissant pas mon angoisse, et je sentais que les larmes étaient prêtes à me monter aux yeux...
"Tu as vu ? Tu as vu ?" , demandait, insistante, Aline. Je rétorquai juste d'un "Pfff, c'est rien, je te dis..."
Mais quand Aline dit d'une petite voix presque rieuse : "C'est rien, c'est rien, c'est pas ce que disait Maman tout à l'heure. Je peux te dire qu'elle avait l'air fâché, et qu'elle a ajouté : j'en connais une qui peut préparer ses fesses..."
Je ne dis plus rien, et je finis mon verre de lait, avant de quitter la cuisine en prenant ma part de gâteau pour aller la finir dans ma chambre. J'aurais eu envie de gifler ma soeur, mais sachant qu'elle se plaindrait, et que ce n'était pas le moment de compliquer ma situation, je grimpai les escaliers, en entendant derrière moi la petite voix d'Aline, qui répétait en se retenant de pouffer : "Moi aussi, je sais qui c'est qui peut préparer ses fesses, c'est Christine, c'est Christine, et c'est bien fait pour elle, na, na ,na !"
J'avais, hélas, compris moi aussi que s'il y avait une lune en danger ce soir là, c'était bien la mienne...

A SUIVRE

dimanche 11 novembre 2012

Chronique d'un redoublement : 50. Quand les genoux maternels me font reculer...

SUITE 49


Maman avait achevé la fessée d'Aline par une dernière salve de claques très sonores qui avaient arraché de vrais cris à ma soeurette, toujours encline à forcer le volume sonore, mais qui, à ce moment de la tannée, n'étaient plus feints du tout.

Je reconnaissais, même jusque-là, la "patte" maternelle, sa façon de faire, ponctuée par un final tonique comme pour l'achever sur une bonne "impression", comme pour répéter une dernière fois son message, et faire comprendre qu'elle ne plaisantait pas et que l'on avait intérêt à se souvenir de sa fessée, si l'on ne voulait pas se retrouver en si fâcheuse position...


Aline s'en souviendrait certainement la prochaine fois qu'elle aurait la tentation de se montrer à nouveau dissipée en cours, et elle allait sûrement se tenir à carreau avec son institutrice, pour éviter d'autres confidences de cette dernière se plaignant à Maman.

Et l'appréciation sur la conduite d'Aline, dans le prochain bulletin, serait certainement du style : "En progrès, Aline se montre plus attentive". Une de ces formules classiques, mais qui ne manquerait pas de contenter Maman, et de lui faire songer que la fessée avait fait son effet, voire se demander si elle n'aurait pas dû sévir un peu plus tôt...

Ce que Maman ignorait, c'est que la fessée d'Aline allait rester gravée aussi dans la mémoire de son ainée...

En quittant la chambre des petites, Maman avait vérifié que j'étais bien en train de faire mes devoirs. En tout cas, j'avais prudemment ouvert un cahier et un livre devant moi, même si mon attention était moins dans la révision de mes leçons que dans l'écoute de ce qui se passait à côté.

Maman m'avertit qu'elle regarderait mon travail après le dîner, mais je savais qu'elle n'aurait rien à redire, car je ne voulais surtout pas lui donner de nouveaux griefs contre moi, et puis, signe encore de l'efficacité des méthodes maternelles, quelle que soit la punie, un soir de fessée, il était bien rare que les deux autres ne fassent pas l'impossible pour apparaitre d'une sagesse exemplaire.

Face à une mère qui avait jugé mon 13 sur 20 comme à peine suffisant pour une redoublante, et sans autre joker à jouer pour faire passer la pilule des deux heures de colle, je savais que mieux valait faire profil bas, et attendre le moment idéal, en commençant à être persuadée qu'il n'y en aurait pas...

En tout cas, même si j'avais eu encore un soupçon d'espoir, la fessée d'Aline avait "refroidi" mes ardeurs de sincérité, et "réchauffé" une imagination qui me voyait déjà déculottée et rougissante du bas du dos...

Si encore, Maman avait, comme souvent pour moi, agi au moment du coucher, j'aurais pu tenter de m'endormir quitte à cauchemarder en me repassant images et sons de la séquence d'Aline. Mais, il y avait le diner à venir, les devoirs à montrer, les douches à prendre, les rituels du coucher, tout cela avant de pouvoir se consoler en se disant que l'on a au moins gagné quelques heures avant ce qu'il fallait bien appeler l'inéluctable...

La soirée, comme il fallait s'y attendre, remit plusieurs fois la fessée d'Aline sur le tapis. Ma soeur était restée sur son lit, pleurnichant en continu, cachant ses larmes dans ses mains, et n'ayant plus la moindre envie de croiser nos regards.



Quand Maman l'appela pour diner, elle dût s'y reprendre à deux fois, mais la petite phrase qui fit bouger ma soeur ne laissait guère le choix de continuer à faire sa mauvaise tête : "Aline, je ne vais pas le répéter une troisième fois... Descends tout de suite, si tu ne veux pas que je remonte m'occuper de tes fesses..."

Diane, de son côté, se montrait obéïssante à l'excès, anticipant les demandes maternelles, cherchant les compliments, bref "fayotant" pour se faire passer pour le petit ange de la famille.



Maman n'était pas dupe, mais cela l'arrangeait tout de même qu'au moins une des trois soit tranquille. Diane ne manquait pas de relancer Maman sur ce qui s'était passé, et cette dernière, une fois que nous fûmes à table, réexpliqua la raison de ce qui l'avait fâchée : "Je veux bien comprendre parfois que vous n'ayez pas que des bonnes notes. Mais, à condition que vous ayez travaillé. Je ne supporte pas que l'on ne soit pas attentive en classe. Il y a un temps pour jouer, un pour travailler. Et, quand on confond les deux, Maman est là pour vous rappeler à l'ordre. Et rien de telle qu'une bonne fessée pour calmer les élèves dissipées, n'est-ce pas Aline ? J'espère que c'est bien compris..."

Ma soeur a piqué du nez dans son assiette, rougissant en grommelant un petit "Oui, Maman, snif, snif !" sur un ton plaintif. Ce sur quoi, Maman rajouta : "Et ce que je dis pour Aline est, bien sûr, vrai pour toutes les trois, vous vous en doutez bien, Christine et Diane... Il y a des sujets avec lesquels je ne transige pas, et vous le savez bien..."

Même si elle ne l'avait pas précisé, nous l'avions bien compris. Surtout moi, évidemment... Et ces paroles ne faisaient que confirmer mon angoisse. Je n'en étais même plus à me demander comment j'y échapperais, mais plutôt à me tirailler entre une (vague) idée qu'avouer tout de suite serait moins pire, et au moins me débarrasserait de cette peur, et une musique plus insistante encore qui conseillait de gagner du temps, mais les deux petites voix qui se faisaient écho dans ma tête avaient bien conscience qu'avec un tel raisonnement maternel, la chahuteuse collée n'avait qu'à préparer ses fesses...

Aline venait d'être punie pour avoir été "dissipée" en classe. Une grande soeur, qui plus est récidiviste en la matière, ne pouvait s'attendre à moins pour avoir "bavardé" et "chahuté" dans le dos de son professeur.
  
Et je n'avais même plus ma plutôt bonne note pour faire diversion face à une mère dont le raisonnement semblait sans faille. En tout cas, je ne me voyais pas le courage d'en parler au cours de cette soirée, sachant qu'après avoir dit et redit devant ses trois filles qu'elle ne tolérerait jamais que l'on soit indisciplinée en cours, Maman ne se déjugerait pas et aurait même eu tendance à théatraliser le second acte de sa démonstration...

Mieux valait, à mon sens, bien sûr, ne rien dire et attendre l'arrivée du bulletin de colle, vraisemblablement au courrier du surlendemain. Un instant, j'avais pensé que je pourrais avouer le lendemain, faire croire que cela venait de m'arriver, mais comme il n'y avait pas de maths le jour en question, cela n'aurait pas dupé Maman.

J'avais donc deux jours devant moi, voire trois, si par chance il y avait du retard dans le courrier, mais en même temps je n'arrivais pas à m'ôter de l'esprit que la cause était entendue, et que je ne m'en sortirais pas sans une nouvelle fessée...
 


Et comment ne plus y penser, quand les mots de Maman tournent en boucle dans votre tête ? Il allait en plus falloir donner le change, cacher mon trouble, ne pas risquer que Maman se doute de quelque chose, elle qui, si souvent, savait comme lire dans mes pensées...

Après le dîner, c'était à moi de prendre ma douche, pendant que Maman mettait les petites au lit, et vérifiait devoirs et cartables.

Je prolongeai un peu mon passage dans la salle de bain, histoire de bien me composer un visage d'innocente, voire d'enfant sage.

En revenant dans ma chambre, Maman avait déjà couché les petites, qui filaient droit en ce soir de fessée d'Aline, et elle m'attendait dans ma chambre, assise et occupée à regarder mon manuel d'histoire. Elle avait les jambes croisées, le genou dégagé par la jupe qui avait glissé légèrement, et l'image me fit sursauter. Elle se grava dans ma tête, comme si elle symbolisait ma prochaine destination... J'en pâlis...

"Il y a quelque chose qui ne va pas, Christine", demanda Maman en me voyant figée devant elle. Je marquai un temps avant de répondre, prétextant que mon pyjama me grattait au niveau du cou, et je me mis à me frotter pour que mon trouble ne soit pas démasqué.

Maman voulait me faire réciter ma leçon d'histoire. Je la savais par coeur, et j'eus même droit à des compliments : "Tu vois, que quand tu veux, ça va bien", commenta-t-elle. 

Toujours bloquée devant ses genoux, j'avais presque envie de dire : "Mais, Maman, tu sais, j'ai chahuté et la prof de maths m'a donné deux heures de colle".
Quelque part en moi, c'était près de sortir, en pensant secrètement : "C'est trop dur de devoir mentir deux jours, en sachant ce qui m'arriverait de toute façon".
Mais, ces genoux maternels m'impressionnaient trop. Et je me voyais déjà en position... "Non, non, je ne veux pas. Pas la fessée, pas ce soir. Non, je préfère un autre jour, non, je préfère attendre..." La voix tentatrice était la plus forte...


Maman venait de me faire un compliment. Elle allait me souhaiter bonne nuit avec chaleur et tendresse. Je n'allais quand même pas me priver de cela pour me jeter dans la gueule du loup, ou plutôt avouer, ce qui revenait à me jeter en travers de ses genoux, à sentir ma culotte descendre pour dévoiler une lune qu'elle aurait assurément transformé en brasier, en m'administrant une fessée à côté de laquelle, celle d'Aline n'eut été qu'un vague brouillon...

Quitte à en cauchemarder encore un jour ou deux, mieux valait m'endormir après un baiser maternel que les fesses écarlates...

A SUIVRE