dimanche 24 février 2013

Chronique d'un redoublement : 57. De retour sur les genoux maternels

SUITE 56


Autant j'avais trouvé que les trois heures de cours au collège étaient passées très vite, surtout pour quelqu'un qui n'avait guère envie de rentrer à la maison, inquiète de ce qui l'attendait, autant depuis que j'y étais, chaque minute me semblait longue...

A l'affut du moindre bruit, l'oreille cherchant à savoir ce que faisait Maman, je ne vivais plus que dans la perspective de "l'explication" promise, du rendez-vous tellement craint...
J'aurais voulu savoir le où quand comment, qui étaient les dernières incertitudes puisque le "qu'est-ce qui allait m'arriver ?" n'était plus une question, puisqu'il n'y avait plus de doute, puisque tout le monde savait dans la maisonnée que Christine allait recevoir une bonne fessée... Chacun comprendra donc que je sois restée dans mon coin, plutôt à regarder mes socquettes qu'à chercher à croiser le regard maternel...




C'était en revanche l'inverse pour mes soeurs. Je ne leur demandais pas d'afficher une quelconque compassion, ni d'être attristée par le sort qui pendait au nez de leur ainée, mais j'aurais aimé qu'il y ait chez Aline et Diane au moins un soupçon de respect de mon état de punie en puissance.
Ce n'était hélas pas le cas, et j'enrageais intérieurement de constater que la situation les réjouissait presque ouvertement. De mon côté, quand je sentais Maman à bout, quand elle était en colère après une des petites, je faisais profil bas aussi, me disant que ce n'était pas le moment d'en rajouter, estimant que le vent pouvait vite tourner aussi en ma défaveur, et si, je l'avoue, j'ai parfois considéré qu'une fessée d'Aline ou de Diane était bien méritée, je n'ai jamais, comme elles, trouvé la situation quasi hilarante.

A guetter les faits et gestes de toute la maisonnée, je me rendais bien compte que mes soeurs avaient soudainement retrouvé un entrain, une sorte de gaité qui me hérissait le poil, mais que je ne pouvais combattre qu'en feignant l'ignorance. Je n'allais pas me plaindre qu'elles jouent et rient, au risque de m'entendre répondre que "elles au moins étaient sages et n'allaient pas recevoir la fessée".

Mais, c'est comme si je me sentais vexée d'un manque de solidarité entre soeurs. C'est vrai aussi qu'elles étaient plus ou moins encore à des âges où l'on joue à la poupée, alors que j'avais moi, au contraire, un âge où la fessée n'était pas un jeu du tout...

Je ne sais plus si c'était ce soir là précisément, mais c'était à un moment où effectivement je savais que j'allais devoir préparer les fesses, et mes soeurettes s'amusaient à se chamailler sans que ce soit une vraie bagarre, mais en jouant à se rouler sur la moquette et à tenter de baisser leur jogging. Maman intervint, mais sans gronder vraiment, leur demandant de se calmer : "Arrêtez donc ce petit jeu qui n'a rien de drôle, si vous ne voulez pas que je m'en mêle. Sinon, il pourrait vous en cuire... Vous n'avez qu'à demander à Christine l'effet que cela fait".




Je ne pus que rougir et cacher ma gêne, sans rien rajouter, ni rien objecter, sous risque que les phrases maternelles ne deviennent encore plus explicites...

De toute manière, j'évitais toute intervention dans la conversation familiale. C'était Christine bouche cousue et qui ne fait pas de vagues, à côté de soeurettes enjouées et heureuses, comme si on leur avait promis un divertissement... Et, me doutant de ce qu'elles pouvaient déjà imaginer, je n'avais aucune envie de hâter les événements. Quitte à me faire claquer les fesses, je n'étais surtout pas pressée...

Apparemment, Maman non plus n'était pas pressée. La journée n'était pas finie... Pas question, dans son esprit de ne pas tenir ses promesses, mais le calme qu'avait provoqué l'annonce de ma fessée permettait de vaquer d'abord aux tâches quotidiennes, avant de pouvoir, l'esprit plus libre, se consacrer à la remise de l'ainée dans le droit chemin...

Voilà qui explique certainement pourquoi Maman prit le temps de vérifier les devoirs de mes soeurs, de leur faire réciter leurs leçons, de les envoyer faire leur toilette et se mettre en pyjama pendant qu'elle finissait la préparation du diner.

Mes soeurs avaient obéi sans rechigner. Le précédent rappel à l'ordre avec une menace non voilée avait suffi à leur faire prendre conscience qu'il valait mieux ne pas tenter le diable...

Après avoir fait deux ou trois choses dans la cuisine, j'entendis le pas de Maman dans l'escalier. Il restait un peu de temps avant l'heure du repas, et j'ai pensé qu'elle avait décidé de l'utiliser pour régler nos comptes... D'ailleurs, elle se dirigea vers ma chambre et y pénétra...




Je m'étais réfugiée sur mon lit, me tenant moitié recroquevillée, avec un regard qui trahissait mon angoisse. 
"Tu as fini tes leçons ? Tu pourrais réviser tes cours au lieu de bayer aux corneilles ?" lança-t-elle à mon encontre. "Mais, je n'ai pas de devoirs pour demain, et je sais bien ma leçon d'anglais. Tu peux contrôler, tu sais", répondis-je d'une voix doucereuse.

Maman rétorqua : "Oh, je te connais assez, ma fille, pour savoir que tu dois avoir appris ta leçon comme il faut. Tu ne veux pas me fâcher davantage, et tu as bien raison, parce que je le suis suffisamment pour te donner ce que tu mérites..."

J'avais le coeur qui se mettait à battre de plus en plus vite, et ne savais pas quoi répondre, consciente que tout ce que je pourrais objecter ne ferait que se retourner contre moi. Mieux valait ne rien dire et prier pour qu'il y ait un miracle, mais même cela je n'y croyais plus.

Maman s'assit à mon bureau, vérifia mon cahier d'anglais, contrôla qu'il n'y avait rien de neuf dans mon cahier de correspondance, où Mlle Paule aurait bien pu mettre un mot particulier, comme elle le faisait quand elle voulait par exemple que Maman passe la voir... Mais, tout était en ordre, et j'avais bien veillé à ranger soigneusement mes affaires scolaires, et à ce que rien ne traine dans ma chambre. Encore quelques détails que je faisais par réflexe, sans avoir conscience que cela ne faisait que conforter Maman dans l'efficacité de ses méthodes.

Allait-elle venir vers moi ? Mon heure était-elle venue ? J'en étais persuadée et ma peur devait se lire sur mon visage...

Mais, Maman reposa mon cahier de correspondance, se releva, mais se dirigea vers la porte en disant : "Ne reste pas à ne rien faire. Va donc faire ta toilette et te mettre en pyjama. On dîne dans dix minutes. Je m'occuperai de tes fesses après..."

Les deux dernières phrases avaient été dites à haute voix, alors que Maman sortait de la chambre, informant ainsi toute la maisonnée de la suite du programme... Je venais donc de gagner encore un peu de temps, et ma tension pouvait retomber, tendue que j'étais dans l'idée qu'elle allait me fesser sur le champ...
D'un autre côté, le rappel public du "programme" me faisait honte, et je me demandais si finalement cela n'aurait pas été mieux que tout soit réglé de suite. Toutefois cela ne me traversa l'esprit qu'un instant, car je pensai aussi que si j'avais reçu ma fessée à ce moment-là, il aurait fallu ensuite aller affronter le regard de mes soeurs durant le diner et les leçons de morale que Maman aurait immanquablement distillées...

Mieux valait donc être encore en attente, même si je me doutais bien qu'Aline et Diane m'observeraient en sachant qu'après le dessert, un supplément attendait leur aînée et que celui-ci serait chaud bouillant...




Je me déshabillai donc, en faisant des gestes mécaniques, en essayant de ne pas imaginer que ses fesses blanches que j'allais entrapercevoir furtivement dans le miroir de l'armoire seraient bientôt à nouveau exposées, mais cette fois à la tannée maternelle...

Pendant que je faisais un brin de toilette (ce n'était pas jour de douche) et que je compléterais après le repas en me brossant les dents, Maman était venue récupérer mon pyjama de la semaine et m'en avait sorti un autre, tout frais repassé, qu'elle avait déposé sur mon lit.

Je l'enfilai sans tarder, j'aimais bien, en général, mettre des vêtements neufs ou frais lavés. Cela sentait bon l'adoucissant, le coton du pyjama était agréable et doux, mais j'avais cette fois une étrange impression : celle d'être en train de mettre ma tenue de fessée...


Quand Maman nous appela pour le dîner, les petites furent les premières à dévaler l'escalier, et elles étaient à table lorsque je fis mon entrée, le regard fuyant, face aux yeux vifs et curieux de mes soeurs, et à la mine satisfaite de Maman constatant que sa fille était prête pour dîener, et aussi prête pour la suite...


Je ne sais même plus ce que nous avons mangé, je n'avais guère d'appétit, il devait y avoir une soupe comme tous les soirs d'hiver, puis un plat et un dessert léger, mais j'ai occulté complètement le contenu de mon assiette. Comme j'ai évité tous les sujets de conversation. Les choses étant, semble-t-il, très claires pour chacun, il n'y eut quasiment pas d'allusions à ce qui m'était promis... Sauf, bien sûr, au moment de quitter la table. Les petites furent envoyées dans leur chambre avec ordre de ne pas faire de bruit, pour ne "pas fâcher" Maman davantage...

Je me proposai pour aider à débarrasser, ce que Maman accepta avec un sourire en coin : "C'est bien de te montrer serviable, Christine, mais cela ne changera rien. Ce serait trop facile..."
Une fois la vaisselle rangée, je restai les bras ballants, attendant les ordres, la gorge nouée. Maman m'expédia d'une réplique sans équivoque : "Ne reste pas plantée là. Monte donc dans ta chambre et prépare tes fesses. Je vais venir m'occuper de ton cas, ma grande. Et ne fais pas cet air étonnée. Tu sais très bien ce qui t'attend... Allez, ouste, file..."

C'est une Christine transformée en automate qui gravit les escaliers, les yeux embués de larmes qui cherchaient à percer, le regard rivé au sol, passant devant la porte de la chambre des petites qui venaient d'y retourner dare dare après avoir tendu l'oreille... et guetté notre conversation depuis le haut de l'escalier ! Aline et Diane virent ainsi passer leur aînée qui s'en allait dans sa chambre attendre la fessée maternelle...






J'ai refermé la porte de ma chambre et me suis allongée sur le lit, à plat ventre, tentant de stopper les débuts de sanglots qui remontaient de ma poitrine. Dans ma tête, je me disais cette phrase que Maman avait souvent prononcé en pareille circonstance : "Garde tes larmes. Tu vas en avoir besoin".  J'avais cette drôle de sensation d'être étendue les fesses encore blanches, et qui n'allaient pas y rester. Je ne voulais même pas m'asseoir, car j'aurais ressenti un poids sur mon bas du dos, un contact du matelas ou de la chaise, et j'aurais eu l'impression qu'on y touchait. Là, allongée, serrant dans mes bras mon oreiller comme on serre un ours en peluche toute gamine, je profitais en quelque sorte des ultimes instants de l'accalmie, je prenais conscience que ma lune était encore fraiche, et je tentai de me persuader que c'était un sursis appréciable, pour mieux éviter de penser qu'elle allait rougir sous peu...


Maman, du bas, s'inquiéta de savoir si nous nous étions brossés les dents, ce qui provoqua l'irruption des petites dans la salle de bain pour un brossage vite fait. En ressortant, Aline cria : "Ca y est, Maman, c'est fait, tu peux monter. Mais Christine, elle, elle ne l'a pas fait".

Je sursautai et suis sorti dans le couloir en disant : "J'y vais, j'attendais que la place soit libre", mais je dus avant de retourner dans ma chambre une fois mes dents brossées, à nouveau croiser le regard rieur des frangines, elles aussi en pyjama, mais n'appréhendant pas leur avenir proche de la même manière que je pouvais appréhender le mien...



Maman remonta seulement une dizaine de minutes plus tard. Elle aurait eu tort de se presser, la maisonnée était si calme, et mes soeurs lisaient tranquillement, même si une oreille avisée aurait deviné que les petites se murmuraient régulièrement des petites phrases qui semblaient les faire pouffer, et dont je préférais ne pas connaître le contenu assurément moqueur...

En passant devant ma chambre, Maman ouvrit la porte, mais resta dans l'entrebaillement, constatant : "Bon, ça y est, tu es prête ? Je couche les petites et j'arrive, Christine, j'arrive..."
Et, elle se rendit dans la chambre des petites, sans refermer la porte derrière elle...

Aline et Diane eurent droit aux câlins habituels des soirs sans nuage pour elles. Diane souvent curieuse et bavarde le soir, se montra presque muette. Comme si elle ne voulait pas prolonger ce moment traditionnel du soir, comme si elle était pressée que Maman retourne me voir...
Aline, elle, tenta quand même de faire préciser ses intentions à Maman, en jouant sur le : "Bonne nuit Maman, tu vois, on a été sage, Aline et moi. Comme tu as demandé. Pas comme Christine, hein ? C'est vrai qu'elle va avoir la fessée, dis..."

Maman ne rentra pas dans le jeu d'Aline, mais lui confirma quand même : "Allez, ferme tes yeux et dors. Cela ne te regarde pas. Christine n'a pas été sage au collège et je vais lui donner la bonne fessée qu'elle mérite. Comme tu en auras une aussi si tu ne travailles pas bien, ma chérie... Et, d'ailleurs, si j'entends un bruit pendant que je m'occupe de Christine, cela pourrait aller mal pour vous aussi..."
Diane s'exclama : "Oh, non, Maman, non, on ne va pas faire de bruit. Promis, on dort. Tu peux y aller, Maman".
De ma chambre, je n'avais pas manqué une miette des conversations dans la chambre des petites, et je trouvais surréaliste, presque comme un coup de poignard, le "Tu peux y aller Maman" de Diane... Ma chère petite soeur qui était du genre, chaque soir, à réclamer des minutes supplémentaires pour jouer ou pour lire, à demander à Maman un délai avant d'éteindre, avait ce soir-là comme une impérieuse envie de dormir, qu'il n'était pas difficile de décrypter et de traduire par un souhait pressant que Maman tienne ses promesses à mon encontre...
De fait, le "Tu peux y aller Maman" de Diane était une façon de dire : "Allez, vas-y Maman, les fesses de Christine t'attendent..."


Maman ne referma pas complètement la porte des petites, comme chaque soir, mais il est des soirs où cela me gênait plus que d'autres...
En entendant Maman venir, je m'étais relevée à nouveau en sursaut et m'étais mise debout, près de la fenêtre, le dos au mur, comme à l'opposé du lit où elle allait s'asseoir...



"Maman, euh...",  le regard fuyant,  je ne savais pas quoi dire, et elle ne m'en laissa pas loisir. 
Maman s'assit sur le rebord de mon lit, bien au milieu, et tapota ses genoux en disant : "Allez, Christine, on n'est pas là pour palabrer. Tu n'as aucune excuse valable, et tu sais bien que je n'admettrai jamais que tu sois collée, encore moins pour des motifs d'indiscipline ou de bavardage. Et pire encore en anglais, avec Mlle Paule, qui t'a particulièrement à l'oeil...Alors, viens ici tout de suite, Christine". "
J'étais comme pétrifiée et ne bougeai pas d'un poil, ne sachant que jeter vers elle un regard implorant, suppliant...
Maman émit un long soupir qui traduisait un bouillonnement intérieur croissant... Elle tapota plus sèchement son genou et ajouta : "Ne me fais pas aller te chercher, Christine... Tu sais bien que tu n'y échapperas pas... Je vais te rappeler ce qui arrive aux collégiennes dissipées de ton espèce... Rien de telle qu'une bonne fessée pour t'apprendre comment il faut se tenir en classe... Allez, dé-pê-che toi, Christine... Ne m'énerve pas davantage... VIENS ICI !!!!"
Le ton qui montait fit résonner les deux derniers mots dans le silence de la maisonnée, silence total qui me rappelait que deux paires d'oreilles devaient être aux aguets dans la chambre d'à côté...
Je sentais à nouveau les larmes me monter aux yeux, et je me pinçai les lèvres pour retenir un sanglot qui montait dans ma gorge. Je fis deux pas vers Maman, presque sans m'en rendre compte, comme si son "VIENS ICI" télécommandait mes jambes, et aussi sûrement par un vieux réflexe fondé sur ma (hélas) "riche" expérience en la matière, et qui me faisait prendre conscience qu'il y a un moment où il n'y a plus d'échappatoire, que lorsque le temps est venu, la fessée n'attend plus...

Face aux genoux maternels, comme au moment de plonger, la peur me bloqua à nouveau, mais Maman en se penchant m'attrapa le poignet et m'attira vers elle. Je basculai en position, en émettant à mi-voix ce "Oh non, Maman, nooon" qui était une protestation aussi vaine qu'inutile, mais dont je ne pouvais me défaire, histoire peut-être de montrer qu'avoir avancé vers Maman ne signifiait pas acceptation de ce qui s'ensuivait...



Par réflexe également, ma main droite encore libre s'était immédiatement positionnée sur le fond de mon pyjama, pour protéger mon bas du dos, pour tenter de bloquer sa mise à l'air... Et, là encore, ce réflexe, avant même que Maman n'ait glissé sa main sous l'élastique, ou saisi le vêtement à la ceinture, montrait que telle était ma crainte, montrait que je m'attendais à être déculottée, montrait que je savais que Maman allait le faire... A se demander même, si elle n'en avait pas eu la volonté, si justement mon type de défense ne l'eut pas entrainée à le faire...

Mais, ce n'était pas jour de bonté, et un "Enlève cette main, Christine" retentit, en même temps qu'une solide claque s'abattait sur le bas de mes fesses. Un coup de diversion qui me fit relâcher l'élastique que je serrais fort, et changer ma main de place pour tenter de protéger ma lune de l'orage. Maman en profita pour se saisir de cette main et la bloquer au milieu de mon dos. J'étais cette fois bien ceinturée et si j'eus la tentation de gigoter et de lancer mes jambes durant quelques secondes, l'étau maternel se resserra, et je ne pus que cesser cette agitation vaine.



"Arrête donc de bouger comme ça, Christine. Tu te fatigues pour rien. C'est trop tard, et tu vas avoir ce que tu mérites...". La voix de Maman avait une détermination calme impressionnante, celle d'une mère sûre de son fait... Déjà, elle avait baissé mon pantalon de pyjama en dessous de mes genoux, et sa main revenait se poser sur l'élastique de ma culotte. Et, alors que je suppliais à demi-voix, cela ne faisait que lui faire hausser le ton pour me confirmer à moi, et par conséquent aux oreilles des alentours : "Oh, que si, Christine, que je vais baisser ta culotte, parce que tu as mérité une bonne fessée, une bonne déculottée comme je te l'ai promise... Et comme tu en auras une à chaque fois que tu recommenceras à être collée, tu le sais bien..."
J'avais déjà éclaté en sanglots quand elle rajusta ma position, respirant un instant, reprenant en quelque sorte son souffle, une fois la cible prête, dévoilée, exposée... J'avais cette sensation étrange, insupportable, qui n'est comparable à rien, de sentir ma lune fraiche à l'air et offerte à la justice maternelle... Après m'être cabrée et avoir senti que l'étau était toujours là, je me relâchai, moi aussi reprenant ma respiration, avant que la première claque ne tombe, n'éclate d'un bruit mat et caractéristique qui signait le lancement de l'orage annoncé : ça y était, Christine recevait sa fessée...



Je poussai un petit cri, et tentai vite de me retenir en serrant les dents. Je ne voulais pas agrémenter la bande son de ma propre partition, mais en retenant mes cris, je n'entendais que plus ce bruit des claques qui résonnait dans le silence de la maisonnée, des claques qui tombaient rythmées comme un métronome en ce début de fessée.

Ces premières claques rencontraient un épiderme encore intact, deux hémisphères presque frais et dont la dernière tannée remontait à trois semaines déjà. Elles faisaient mal bien sûr, mais la douleur restait encore superficielle, comme dans une phase d'échauffement...

De la diversité des fessées

Fidèle à sa méthode, Maman s'appliquait à "bien" fesser sa fille...

Ce ne serait pas une fessée bâclée, expédiée, ni désordonnée. Je l'avais senti dès que Maman s'était assise sur mon lit, comme de la manière dont elle m'avait déculottée. Méthodiquement.
Ce ne serait pas non plus une de ces volées d'anthologie, comme lorsque parfois une dose de colère soudaine (pour cause de rébellion par exemple ou de découverte d'un motif supplémentaire) rajoutait à la détermination maternelle, et voulait comme concentrer deux fessées en une.
Ce ne serait pas non plus une de ces fessées à but démonstratif, voire pédagogique, comme parfois devant mes soeurs ou devant Tata, où la durée était moindre, mais la honte décuplée.
C'est vrai, qu'à y réfléchir ainsi, je pouvais d'entrée savoir à à quelle sauce mes fesses seraient accommodées, si j'ose dire... 

Et là, j'avais compris dès la première seconde que j'aurais droit à une fessée que je pourrais nommer la "spéciale Maman", même si elle n'avait de spéciale que d'être spécialement la "bonne fessée" type de Maman Spaak. C'est-à-dire une tannée méthodique avec ses phases, ses pauses, ses intensités différentes, et sa volonté de bien donner la leçon, qu'elle soit mémorable, et qu'elle s'imprime dans la tête de la punie aussi sûrement que la main maternelle s'imprimait sur ses fesses...



J'aurais pu ainsi en décrire le déroulement minute par minute à l'avance, mais c'était aussi parce que je savais tellement ce qui m'attendait, j'en avais une telle anticipation, que j'en angoissais autant...

Et Maman ne dérogea pas à ses principes. Si je pouvais au début étouffer mes cris, je savais que j'allais ensuite pleurer, pleurer et pleurer encore, que j'allais supplier en vain, que j'allais par moments crier malgré la présence auditive de mes soeurs qui ne dormaient évidemment pas encore... Et c'est ainsi que la fessée suivit son cours...

Avec, en prime, bien sûr, tout le discours maternel, répété autant pour que je l'enregistre que pour s'auto-motiver, pour se donner du courage. Les "Je t'avais bien prévenue, Christine. Je ne te laisserai pas refaire les mêmes erreurs que l'an passé" succédaient aux "J'espérais que tu aurais compris après la colle, d'il y a trois semaines. Je t'avais pourtant donné une bonne fessée, ma fille. Mais, apparemment, cela n'a pas suffi... Eh bien, on recommence, Christine, et on recommencera autant qu'il le faudra..."

Chaque pause, sorte de respiration où le bras de Maman s'arrêtait, était accompagné de tels sermons, de telles menaces. Après avoir subi, pleuré, retenu mes cris, puis commençé à les exprimer quand la douleur devenait vraiment intense, je ne pouvais plus m'empêcher de supplier, de répliquer aux arguments maternels, de faire mille promesses, à demi-voix d'abord que le bruit des claques couvrait, puis de plus en plus fort, même si mes soeurs devaient tout entendre.

"Maman, arrête, oui, j'ai compris, je ne recommencerai plus, c'est promis. Non, pas la fessée, plus la fessée", répétais-je comme les seuls mots qui me venaient à l'esprit entre deux "aïe, ouille, noon !"

Mais, là encore, au moment où une interminable salve finale allait me mettre le bas du dos en feu, Maman ne faisait qu'enfoncer le clou : "J'espère bien, Christine, j'espère bien... Mais, tu me l'avais déjà promis l'autre fois quand tu étais déjà sur mes genoux, les fesses à l'air, et tu as oublié tes promesses puisque tu as encore récolté ces heures de colle... Tiens, tiens, tiens et tiens... Moi, tu vois, je n'oublie pas les miennes, et la bavarde Christine reçoit encore une bonne fessée déculottée pour la peine... Tiens, tiens et tiens... Et réfléchis bien avant de recommencer, ma fille, parce que sinon, tiens, tiens, tiens et tiens... ce sera retour sur mes genoux, Christine, tiens, tiens,, tiens et tiens..."

Quand enfin Maman arrêta, j'étais le visage ruisselant de larmes, épuisée physiquement comme mentalement, avec l'impression de sortir d'un tunnel, d'un cauchemar, mais ma lune brulante me rappelait que le mauvais rêve avait des traces tangibles...



Je roulai sur mon lit en me tenant les fesses, alors que Maman me déposant un baiser rapide sur le front sortait de ma chambre en me souhaitant "bonne nuit". Quelques chuchotements venus de la pièce voisine témoignaient de soeurettes encore éveillées et passant sûrement à la phase commentaires... Mais, cela s'arrêta vite de crainte que Maman n'intervienne...

Je n'avais plus qu'à essayer de trouver le sommeil, en tentant de ne pas trop cauchemarder, de ne pas trop repenser à mes fesses écarlates, et à ne pas commencer à m'angoisser en me disant qu'il ne serait pas aisé, quand certains profs vous ont dans le collimateur, d'éviter toute nouvelle colle, bref de ne pas, les fesses encore endolories, me mettre à imaginer qu'elles pourraient un jour, voire bientôt, se retrouver déculottées et exposées à la dextre maternelle...

A SUIVRE

samedi 9 février 2013

Chronique d'un redoublement : 56. Du retour angoissé à la stratégie maternelle de l'attente

SUITE 55

J'avais l'impression d'être une marionnette ou un engin téléguidé, voire un objet embarqué dans une sorte de grand huit, un manège avec des hauts et des bas, des accélérations et des ralentissements, des moments où le coeur s'emballait, puis d'autres où le calme revenait, mais où l'angoisse demeurait toujours présente, avec cette certitude que ce tour de manège passerait par les genoux maternels, par la case fessée...

J'aurais peut-être pu relativiser, me dire que ce n'était pas la fin du monde, que je m'en remettrais, mais on ne se refait pas, et je ne pouvais pas m'enlever le sujet de la tête. Non, tout ce que je retenais de mon expérience en la matière était que j'allais passer un sale quart d'heure, et que rien n'y ferait.

Ce système de colles, cela avait été la découverte de mon passage au collège. De la classe d'école avec enseignant unique, où le moindre faux pas valait un mot à faire signer le soir même ou une remarque directe à Maman venue me chercher à la sortie, j'étais passée aux cours avec des profs différents, et un système de punitions qui entrainait souvent un décalage de plusieurs jours entre l'incident et l'avis arrivant à la maison. D'où toutes les possibilités de jouer, de manoeuvrer, de gagner du temps, de vivre comme en décalage horaire ou de jouer les petites saintes virtuelles jusqu'à ce qu'un bulletin de colle arrive et me transforme en chahuteuse à châtier...

La Sixième m'avait vue expérimenter les différentes stratégies, de la totale franchise à la grosse manoeuvre, puis la première Cinquième avait été le point d'orgue du phénomène, avec des épisodes multiples et une culture de la cachotterie manifeste.

Alors, en cette année de redoublement, ce qui n'était que ma deuxième colle depuis la rentrée aurait pu me faire prendre la chose avec philosophie. Il n'en était rien, et j'étais nerveuse comme une pile électrique, n'ayant en effet assimilé qu'une chose : deux heures de colle, en anglais qui plus est, ce n'est pas "je risque" de recevoir la fessée, mais bien "Christine, tu le sais, Maman va te déculotter et te donner la fessée" ! Et, dans ma tête, j'avais l'impression que je m'y voyais déjà, avec cet étrange don d'ubiquité que donnent les cauchemars et l'imagination galopante d'une demoiselle angoissée. Comme si j'étais à la fois actrice et spectatrice, mon cerveau distillant des images presque palpables d'une fessée qui me mettait en scène...




Notre petit échange verbal au moment de repartir au collège n'avait fait que confirmer ce dont je ne doutais même plus, et c'est une collégienne très perturbée qui tenta, tant bien que mal, de cacher son trouble, et de passer les trois heures de cours de l'après-midi sans anicroche.

Nous avions à nouveau une heure d'anglais, et j'aurais bien été tentée de faire un croche-pied à Mlle Paule, de lui tirer les cheveux, de faire des grimaces derrière son dos, bref de me venger, mais j'avais deux ans de plus qu'à mon entrée en Sixième et j'étais plus réfléchie quand même... Au contraire donc, même si cela bouillait en moi, j'ai joué les élèves modèles, ne répondant même pas quand ma voisine, de temps à autre, essayait de bavarder ou de me faire rire. Mlle Paule me gratifia même d'un : "Eh bien, Christine, je vois que l'on est moins dissipée que l'autre jour...", et j'eus du mal à ne pas rougir, car je me doutais bien que, dans sa tête, cela voulait dire : "J'ai bien fait de vous donner deux heures de colle... C'est efficace" !
Je n'aimais pas ce genre de raisonnement qui ressemblait à ceux de Maman qui attribuait mes bonnes notes aux "bienfaits" de la fessée précédente...

Mais, c'est vrai que l'expérience aidant je savais qu'il valait mieux me tenir à carreau, pour ne jamais me retrouver dans des situations comme vécues parfois l'année précédente quand j'avais, par exemple, récolté à nouveau deux heures de colle le jour même de l'arrivée d'un bulletin de colle non encore annoncée à la maison. Et, au lieu de tenter d'avouer les deux en même temps, j'avais récolté mon "dû" pour la première en sachant que la suivante arriverait quelques jours à peine après...

Déjà taciturne en cour de récréation deux jours auparavant, j'avais été encore moins causante cet après-midi là, quitte à subir quelque moqueries de camarades intriguées, mais jamais au grand jamais, je ne leur aurais avoué ce qui causait mon tourment et... m'attendait à la maison... J'aurais trop eu peur de déclencher des fous rires, d'être la risée de la classe...








L'heure de fin des cours arriva et j'eus même l'impression pour une fois que l'horloge avait tourné plus vite que d'habitude, surtout en dernière heure, et la sonnerie que beaucoup accueillirent avec un "ouf" de soulagement, me semblait davantage comme un signe que le compte à rebours s'égrainait inexorablement. Je n'avais plus qu'une chose à faire, c'était de rentrer à la maison, de retrouver Maman, et donc de préparer mes fesses...

Ce chemin, j'en connaissais chaque pas, et j'aurais aimé qu'il soit bien plus long les jours où je craignais pour mon bas du dos... Autant je pouvais courir si j'avais une bonne note à annoncer, autant je rentrais à reculons, conscient toutefois que ma marge de manoeuvre était étroite, qu'un réel retard inquiéterait Maman et n'arrangerait pas mes affaires...

Le coeur battant, je rentrai donc, et il n'y eut pas besoin de grands discours pour que je comprenne que mes craintes étaient fondées. Maman était dans la cuisine, en train de regarder les cahiers d'Aline et Diane qui goûtaient tranquillement. Leur silence à mon arrivée, et l'étincelle qui brillait dans leurs regards, me confirmaient qu'elles savaient déjà...

Je n'osais regarder Maman en face, et mes yeux cherchaient sur la table s'il y avait une enveloppe à en-tête du collège... 



Maman devança ma demande : "Rassure-toi, Christine, le courrier ne s'est pas perdu... Tiens, regarde, voilà ton bulletin de colle... Pour "bavardage intempestif durant les cours". C'est bien ce que tu m'avais dit..."

Je murmurai : "Je, euh, je peux t'expliquer..."

Elle coupa net : "Je ne sais pas ce qu'il y a à expliquer, ma fille. Pour moi, c'est clair. De toute manière, tu sais bien ce que je t'ai promis... Alors, on en reparlera plus tard, mais tu n'échapperas pas à la fessée que tu mérites..."

J'avalai mon goûter, les yeux rivés sur la table, voulant éviter les regards des petites, et cacher mon trouble. Si j'avais eu encore la moitié d'un espoir, j'aurais certainement joué les innocentes, ou composé un visage d'étonnée, mais ce que venaient d'entendre Aline et Diane pour la première fois devant moi en cette journée, n'était que la répétition de ce que Maman m'avait annoncé lorsque j'avais quitté la maison en début d'après-midi. Chercher à protester n'aurait fait qu'envenimer les choses, et abouti à ce que Maman redise certainement que je devais "préparer mes fesses"...

Je montai donc dans ma chambre, désespérée, incapable de faire quoi que ce soit, et je me suis assise sur mon lit, broyant du noir, jusqu'à m'en ronger les ongles, ce que je ne faisais que très rarement.






Maman n'avait rien précisé sur la suite des événements, souhaitant à l'évidence me laisser mijoter un certain temps, se doutant bien que l'attente était inconfortable et devait avoir des vertus éducatives, en me donnant l'occasion de réfléchir à ce qui m'amenait dans cette position, hélas bien connue, mais cela ne lui enlevait en rien, au contraire peut-être, son aspect angoissant... Et, je n'allais surtout pas demander à Maman : "Au fait, à quelle heure souhaites-tu t'occuper de mes fesses ?". J'aurais eu trop peur qu'elle ne dise : "Eh bien, puisque tu sembles pressée, viens donc ici t'allonger sur mes genoux, ma grande..."

Fidèle à mes vieux démons, je demeurais dans cette idée que chaque minute de passée avec les fesses encore blanches était une minute de gagnée...

Mais, fidèle à sa manière de tenir sa petite troupe, Maman n'était pas pressée. A l'évidence, la perspective de devoir, une fois encore, tanner le bas du dos de son aînée ne la réjouissait pas. C'était une corvée dont elle se serait bien passée, mais il n'était pas question de minimiser l'affaire, de la bâcler, si j'ose dire...
Autant une fessée pour les petites aurait été expédiée sans autre forme de procès, autant la nécessité de bien faire passer la leçon s'imposait à mon encontre.
Pas question donc de choisir un timing où elle était susceptible d'être dérangée, ni qu'elle ait mille autres choses en tête. D'où la tentation fréquente de différer la fessée en soirée, soit après le dîner, voire au moment du coucher...

Et, il faut bien dire que, sans le savoir, sans le faire exprès, mes soeurs et moi militions, par nos actes, pour que ma fessée soit le point d'orgue de la journée. Comme le définit le dictionnaire, qui parle du point d'orgue, au figuré, comme d'un "moment intense" à la fin d'une cérémonie.
En effet, de mon côté, sachant ce qui m'attendait, je jouais les filles invisibles, je me serais cachée dans un trou de souris, je ne me montrais pas, je n'aurais pas dit un mot plus haut que l'autre, j'étais prostrée dans ma chambre, et ne réapparaissais que si Maman me le demandait, souhaitant surtout me faire oublier le plus longtemps possible.
Mes soeurs, au contraire, étaient auprès de Maman, répondaient à la moindre sollicitation, se montraient serviables, et faisaient tout leur possible pour que leurs devoirs soient bien faits, les leçons sues, cherchant les compliments, comprenant que ce n'était pas le soir à se distinguer, ni à énerver Maman.
Dupe, elle ne l'était certainement pas, mais elle n'allait pas se plaindre, ni ne pas profiter de cette accalmie avant l'orage qu'elle avait programmé... Surtout que, quelque part, elle constatait que le fait d'être dans une phase de "reprise en main" de son aînée, d'avoir annoncé qu'elle allait sévir, avait, avant même l'exécution de sa sentence, un effet général d'assagissement de ses trois filles. De quoi la conforter encore et toujours dans sa méthode...



Alors, a posteriori, la Christine broyant du noir entre les quatre murs de sa chambre, aurait pu être fataliste, comprendre que l'attente risquait de durer, s'en accommoder en appréciant le temps de gagné, mais encore aurait-il fallu que je comprenne tout cela, que je l'intègre dans mon raisonnement. Mais, ce n'était absolument pas le cas, et chaque bruit me faisait sursauter, chaque pas dans l'escalier, chaque mouvement dans la maison me faisaient me demander si mon heure était arrivée...

A SUIVRE